Le premier royaume bulgare (681-1018)

Les Slaves avaient déjà pénétré dans la péninsule balkanique dès la fin du Vème siècle. Mais c’est seulement dans la seconde moitié du VIème siècle que leurs incursions devinrent plus fréquentes et qu’ils commencèrent à s’installer sur la rive droite du Danube. Leur mode de vie était tribal, malgré les quelques tentatives de s’organiser en état. Peu après, la masse des Slaves submergea les Thraces qui avaient survécu aux invasions précédentes, les assimilant tant au point de vue ethnique qu’au point de vue linguistique en annihilant leur langue originelle ainsi que le latin dont ils s’étaient longtemps servi. A partir de cette période, les Thraces se mirent à parler le dialecte des Slaves. Enfin, au milieu du VIIème siècle, un autre peuple, les Bulgares, cavaliers intrépides, turco-tatares d’origine et provenant d’Asie centrale, descend vers le delta du Danube. Les Byzantins, maîtres du territoire, essaient de les refouler. Au cours du conflit qui s’ensuit les Slaves se rendent du côté des Bulgares.
C’est en 681 que l’empereur de Byzance Constantin IV, écrasé à l’embouchure du Danube par les troupes d’Asparouch, signa un traité par lequel il s’engageait à payer un tribut annuel au khan (terme désignant le souverain) bulgare. C’était la reconnaissance du nouvel état bulgare dont la première capitale fut Pliska alors que le territoire était limité à l’est par la mer Noire, au sud par le Balkan, à l’ouest par l’Iskar et plus tard le Timok et au nord par le Danube jusqu’à son embouchure.
 Les guerriers d’Asparouch ont ainsi conquis un vaste territoire, et imposé leur domination sur les tribus slaves, leur apportant les bases de leur organisation politique.  C’est pourquoi l’état nouvellement fondé grâce à l’union des Slaves et des Bulgares, prit le nom d’État bulgare bien que l’élément slave y fût largement prépondérant.

Après un siècle d’extension territoriale, au cours de la première moitié du IXème siècle, la Bulgarie occupe de vastes territoires au sud et au nord du Danube et s’impose comme la rivale principale de Byzance. En 865 le roi Boris Ier proclame comme religion officielle du pays le christianisme orthodoxe. La formation d’un clergé national aboutit à la proclamation d’un patriarcat indépendant de celui de Constantinople.
En 865, les deux frères Cyrille et Méthode créent l’alphabet slave, qui plus tard prend le nom d’alphabet cyrillique. Ces évènements contribuent à l’unification des Slaves et des Bulgares et à la formation définitive de la nation bulgare.
La culture médiévale bulgare connaît son plus grand épanouissement pendant le Xème siècle, appelé l’Âge d’or.
De cette époque, datent de remarquables œuvres littéraires, qui marqueront de leur empreinte l’ensemble de la civilisation slave, ainsi que d’importantes constructions.

Sous le règne du roi Siméon Ier, la Bulgarie devient l’état le plus puissant en Europe de l’est après Byzance à la fin du Xème siècle.
 Mais le règne de Pétar Ier (927-969) inaugure une période de déclin : le poids des impôts, les exactions commises par de grands féodaux suscitent alors dans le peuple un mécontentement que cristallisera le mouvement bogomile fondé par le pope Bogomile. Après de longs combats, la Bulgarie tombe sous la domination byzantine en 1018. C’est la fin du premier royaume bulgare.

Au cours de la résistance contre l’agression byzantine, les Bulgares transfèrent le siège de l’État et de l’Église dans les régions du sud-ouest.  Après 1018 l’empereur byzantin Basile II remplace le patriarcat bulgare par un archevêché bulgare indépendant, celui d’Ohrid. Malgré un régime relativement peu rigoureux, plusieurs révoltes font preuve de l’aspiration des Bulgares au rétablissement de leur indépendance politique.